Bonjour à mes râleuses et râleurs du dimanche!
Sarko le retour 2.0, voilà ce à quoi nous assistons depuis quelques semaines. Le retour de Nicolas Sarkozy, une entrée aussi fracassante que le brushing de Donald Trump! Ce dernier a ouvert le bal l'année dernière en enchaînant les phrases choc lors de sa campagne électorale, dans le but devenir le candidat de son parti républicain. Sarkozy surfe sur la même vague depuis qu'il a confirmé sa candidature aux élections présidentielles françaises et qu'il est en course dans le cadre de la primaire de droite. La ressemblance physique n'est pas flagrante pour ne pas dire inexistante! Mais à plusieurs niveaux, les deux hommes sont à vrai dire comparables et comparés. Cette stratégie de communication décomplexée, anti-étrangers, anti-musulmans, et pro-patriotique n'est pas sans rappeler M. Le Pen, icône des amoureux de la France franco-française unicolore.
Le contexte de crise économique, sociale, identitaire, migratoire est le berceau de développement d'idéologies racistes. La recherche d'un responsable à pointer du doigt attise les théories visant à exclure les étrangers - étrangers par la nationalité, la religion ou la couleur. Le Front National n'aurait aucun avenir dans une France qui connaîtrait le plein emploi, et ses meilleurs scores sont enregistrés en période de crise économique. "Ce sont eux qui nous volent nos emplois, sans eux nous aurions du travail", le genre de phrases types qui justifieraient une expression du racisme décomplexée. Mais ce reproche ne suffit plus. Avec la montée du terrorisme et les récentes attaques qu'ont subi la France et les Etats-Unis, Trump et Sarkozy accusent aujourd'hui les étrangers d'être responsables des différentes tueries, de près ou de loin. Nous avons atteint un nouveau seuil. A l'époque du 3ème Reich, en pleine crise économique, Hilter a cultivé la peur de l'avenir et la haine des étrangers pour être élu démocratiquement. Nous savons tous quelles ont été les conséquences de son élection. Et oui, même dans les Républiques on élit des despotes. La comparaison est sans doute trop poussée, pourtant le docteur Kevin Dutton, psychologue à l'Université d'Oxford a estimé que Trump dépassait Hiltler sur l'échelle des psychopathes!
Mais qui sont vraiment Donald Trump et Nicolas Sarkozy? Pourquoi jouent-ils la carte de l'extrême droite?
Donald Trump, magnat de l'immobilier milliardaire, comme les journalistes aiment le nommer. Il a hérité d'une partie de sa fortune par son père, lui-même homme d'affaires accompli dans le marché de l'immobilier new-yorkais. Sa fortune actuelle est estimée à 4,5 milliards de dollars. Il a été le co-propriétaire du concours Miss Univers de 1996 à 2015. Ses grattes-ciels ont fait sa renommée: Trump Tower de New-York, Trump World Tower, Trump Las Vegas etc. Un succès qu'il n'a plus à prouver, il jouit d'une reconnaissance internationale dans le milieu. Quoi de plus normal que d'ajouter sur la liste de ses rêves à réaliser "devenir président des Etats-Unis". Un caprice de plus pour un homme qui peut s'offrir tous les plaisirs possibles et inimaginables sur Terre. Un succès qui séduit les Américains car il incarne le rêve américain. Ses atouts? Son argent, ses cheveux (lol), son regard neuf sur la politique américaine.
Nicolas Sarkozy aurait tout donné pour devenir un Donald Trump. Il se contentera d'incarner sa pale copie française, une Trump'ette! Homme politique français qui a toujours admiré la culture américaine. Vous vous souvenez peut-être des portraits de famille près de la cheminée qu'il avait publié lorsqu'il était président, des clichés qui rappellent l'exposition de la famille Kennedy. Il admire la réussite à l'américaine, le côté bling bling. Qui a déjà oublié ses vacances sur un yacht après son élection en 2007 ou sa fameuse phrase "Si à 50ans on n'a pas une Rolex, c'est qu'on a raté sa vie"! Effectivement Sarko n'est qu'un petit joueur en comparaison à Trump: il veut nous épater avec une Rolex quand Trump nous fait rêver avec ses jets privés et ses hotels de luxe :-). Le nouveau parti de Sarko "Les Républicains" n'est pas un hasard, il est directement inspiré du parti majeur Républicain aux Etats-Unis.
Après avoir essuyé une défaite face à notre président "normal" François Hollande, il en est à faire son mea culpa via son livre que je ne citerai pas (pas de pub gratuite!) et cultive le contexte de crise identitaire et migratoire pour voler la vedette au Front National. Son égo est sans limite. Il l'a conduit à une défaite en 2012, à divers scandales liés à des problèmes de financement ou de détournement d'argent. Ses atouts? Son expérience passée en tant que président, sa soif du pouvoir.
Deux parcours très différents, et des buts communs aspirés par des motivations différentes.
Venons-en à la forme du discours. Quelles sont ces affirmations grotesques? Quels sont leurs effets jusqu'à présent? Et au final que pensent-ils l'un de l'autre? Se connaissent-ils? Vous serez surpris!
Ces deux hommes ont trois sujets de prédilection: l'identité nationale/l'immigration, l'humiliation des opposants et le climato-scepticisme.
1. Nicolas Sarkozy a récemment affirmé que "quelle que soit la nationalité de vos parents, jeunes Français, au moment où vous devenez français, vos ancêtres, ce sont les Gaulois et c'est Vercingétorix". Et oui, il regarde toujours en arrière et jamais l'avenir. Comment apporter une réponse adaptée si on n'accepte pas l'évolution de la France? Revenir à l'assimilation au lieu de l'intégration, voici sa proposition. Pour lui, nous devrions couper les racines de notre arbre généalogique et y greffer l'histoire de France, dans le but de devenir un "vrai Français". Diviser les Français, une stratégie utilisée également par le richissime Donald Trump.
Alors que certains candidats à la primaire américaine ont essayé de séduire l'électorat hispanique, Trump préfère dire que le Mexique envoie "de la drogue et des violeurs", " Les gens affluent à la frontière sud" ou encore "Je construirai un grand, grand mur à la frontière sud et je le ferai financer par le Mexique". En France nous avons aussi droit à "La France ne peut accepter toute la misère du monde", et que Sarkozy "a promis de régler le problème de la Jungle".
Trump a aussi visé la communauté noire "81% des Noirs sont responsables des homicides commis sur des personnes blanches". Avec la précision du chiffre, on pourrait presque y croire. Hélas ce chiffre sorte de sa perruque peroxydée et n'est pas vérifié! Une petite dernière pour Trump. Selon lui, le 14ème amendement stipule que les enfants d'immigrants clandestins nés aux Etats-Unis ne deviennent pas des citoyens américains. Bien tenté, mais c'est le contraire, ils deviennent même citoyens de l'Etat dans lequel ils habitent.
Pas de jaloux, une dernière sur ce sujet par Sarkozy lors d'un meeting perturbé par des étudiants gabonais "Si vous voulez parler du Gabon, retournez-y!".Je pense que les exemples sont trop nombreux pour tous les citer!
2. Donald Trump a longuement critiqué Barack Obama, l'accusant même de ne pas être Américain! Il s'en est pris à John McCain, figure de son propre parti. "John McCain est un héros de guerre parce qu'il a été capturé. J'aime les gens qui n'ont pas été capturés". Ces phrases ont certes choqué, mais ne lui ont pas desservi, jusqu'à ce qu'il critique un soldat musulman mort en 2004 lors de la guerre en Irak. Il a perdu lors de cette polémique le soutien de son parti et les citoyens américains ont tous été profondément choqués.
Ici en France, M. Buisson a publié un livre la semaine dernière qui reprend toutes les confidences de Sarkozy. Sarko a qualifié Chirac de "corrompu", Fillon de "pauvre type", DSK de "dégoûtant personnage" etc. Sur Francois Fillon il a dit "Pauvre type, minable...Tant qu'il y est, il n'a qu'à venir mercredi au Conseil des Ministres en babouches et avec un tapis de prière!". Cette phrase avait été prononcée après l'inauguration d'une mosquée par M. Fillon en 2010.
Les attaques faciles et méchantes font d'eux les rois de la scène médiatique!
3. En ce qui concerne le climat, la palme d'or revient à notre Américain. Pour lui, le réchauffement climatique est un concept inventé par les Chinois (mdrrrrr). Sarkozy est plus subtil, il conteste l'action de l'homme sur le climat.
Leur discours est comparable à tous les niveaux et leur égo est à la hauteur de la qualité de leur interjections.
Vous savez ce qui est le plus marrant? Sarkozy se dit "l'ami d'Hillary Clinton" et Trump dit qu'il "faut jeter Nicolas Sarkozy en prison pour avoir contribué à l'expansion du terrorisme". Même toi Nicolas, Donald ne t'a pas épargné!
Des calomnies et exagérations de la part de Donald Trump, inexpérimenté en politique, n'est pas surprenant pour percer et se créer une tribune au milieu des médias. Faire parler de soi, positivement ou négativement reste de la publicité. Cela l'a mené jusqu'à la course à la présidentielle face à Hillary Clinton. Cette stratégie présente des limites car à ce niveau de la compétition, les Américains attendent un vrai programme et un expert en politique. Les sondages ne jouent pas en sa faveur dernièrement. Mais au fond, je reste convaincue qu'un homme d'affaires de son envergure, qui traite avec des interlocuteurs du monde entier, garde une ouverture d'esprit bien éloignée de celle qu'il véhicule. Selon moi, il doit s'adapter à l'Américain moyen pour réaliser son rêve de devenir président. Ses clients sont musulmans, indiens, européens, américains, hispaniques. Il m'est inconcevable que son opinion soit celle qu'il exprime.
Du côté de Nicolas Sarkozy, nous attendions mieux. Avec une expérience passée à la présidence et un long parcours politique, le discours n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Il n'y a plus de débat politique au sens stricte du terme, mais un échange de punchlines. Espérons que le niveau s'élève dans les prochains mois. Comme dirait M. Trump, "it's gonna be HUUUUGE!".